{Séance ciné de la semaine} Jeune et Jolie
Le portrait d’une jeune fille de 17 ans en 4 saisons et 4 chansons.
Jeune & Jolie a beaucoup fait parler de lui lors de sa présentation en compétition au dernier Festival de Cannes.
Pour ma part, je n’ai (malheureusement) vu qu’un seul film d’Ozon (Potiche, j’ai raté Dans la Maison que j’avais très envie de voir à sa sortie, et je compte voir Sous le sable cette semaine…) mais j’avais lu pas mal de choses sur le film avant d’aller le voir. Je savais un peu à quoi m’attendre mais n’en ai pas passé un mauvais moment pour autant.
J’avais un peu peur je l’avoue de voir du sexe à outrance. Non pas que je sois particulièrement prude mais voir du cul pour du cul, excusez ma vulgarité mais non merci. Finalement, Ozon sait montrer ce qu’il y a à montrer, sans tomber dans aucune autre vulgarité que celle inhérente aux clients.
Pourtant, ce n’est pas de la prostitution dont il est question. Le film parle avant tout de la jeunesse, de l’adolescence et plus que tout trace le portrait d’Isabelle, cette jeune fille de 17 ans qui a des relations sexuelles tarifées.
Marine Vacth est captivante dans ce rôle. Je ne saurais dire si je la trouve vraiment belle. Elle a le charme de la jeunesse, de très jolis traits une certaine mélancolie dans le regard mais si je devais la décrire je dirais captivante plutôt que belle.
Isabelle a 17 ans, un âge où la révolte est loi, où les sentiments s’entremêlent, où l’on fait la fête… sauf qu’Isabelle, elle, semble totalement hors de tout cela. Elle est assez solitaire, n’a que peu d’ami(e) semble t-il, pas de petit ami ou ne s’y attache pas, elle semble ne s’intéresser à rien. A rien à part au sexe. Et encore… elle semble se documenter plus que s’y intéresser.
Elle perd sa virginité comme si c’était une étape obligatoire plus que par envie ou par amour. Elle offre son corps contre de l’argent sans sembler y prendre le moindre plaisir, sans ressentir la moindre émotion. Car c’est bien là le principal trait d’Isabelle, elle semble ne jamais rien ressentir. Son visage ne trahit aucun sentiment.
Jusqu’au jour où l’un de ses clients meurt dans ses bras… C’est là le seul moment qui semble la toucher, l’atteindre.
Le rôle de la mère d’Isabelle est très touchant. Une mère qui s’inquiète, qui cherche à comprendre, qui ne reconnait plus sa fille. Comme n’importe quelle mère d’adolescente me direz-vous… peut-être mais Isabelle va bien plus loin dans la transgression que la plupart des adolescentes. Je me suis mise à la place de cette mère et cela m’a pris aux tripes.
A la prostitution d’Isabelle le film n’apporte aucune explication, aucun argument. Le fait-elle pour le plaisir ? pour l’argent ? (apparemment pas puisque sa famille vit très confortablement, et qu’elle ne dépense pas un seul centime de ses gains) pour l’expérience ? pour le jeu ? pour retrouver l’image du père absent ? (ne s’attache t-elle pas à son seul client « gentil » ?) pour connaître sa valeur ? tester son pouvoir de séduction ?
Il y a un malaise, c’est certain, mais lequel ?
Seules les chansons de Françoise Hardy, qui rythment le film et dont il faut écouter le texte, peuvent, peut-être tenter de donner quelques pistes.
Isabelle semble certes vouloir se mettre en danger (en acceptant les relations non protégées par exemple) quoiqu’elle n’en semble même pas consciente.
La relation qu’entretient Isabelle avec son frère est peut-être ce qui m’a plus dérangé. Une relation presque malsaine de mon point de vue. Quand au beau père, il ne fait preuve d’aucune psychologie, montrant peut-être la vision un peu simple de certains hommes devant la prostitution (elle est jolie aussi ta fille faut dire !) comme si ce n’était pas un sujet grave…
La fin du film offre une très belle rencontre cinématographique dont il ne vaut mieux rien en dire pour en garder la saveur.
Bref, il y a beaucoup de choses à dire sur ce film. Je ne suis pas certaine d’en retenir grand chose pour autant puisque celui-ci n’apporte aucune réelle réflexion autre que celle que choisira le spectateur.
A vous de le voir pour vous en faire une idée.
Les avis sont très mitigés mais il l’intrigue ce film. Pourquoi pas?
View CommentIl vaut mieux se faire une idée par soi même 🙂
View CommentComme toi j’ai bien aimé ce film. Comment ne pas tomber sous le charme de Marine ?!
View CommentMais si l’absence totale d’explication peut sembler intéressante, laissant a chaque spectateur le choix des raisons qui poussent la jeune fille à se prostituer, cela m’a quand même un peu dérangé. Je suis restée un peu en dehors, frustrée de ne pas comprendre.
En revanche quelle dernière scène !
Pour info, je me rapproche beaucoup la critique des Inrock : http://www.lesinrocks.com/cinema/films-a-l-affiche/jeune-jolie/
Merci pour ton super commentaire Flo 🙂
View CommentMa mère m’a dit avoir beaucoup aimé. Moi, il faut que je trouve le temps d’y aller …
View CommentJ’espère qu’il te plaira également
View CommentC’est sur que le manque d’explication et l’aspect fermé du personnage principal est perturbant. Mais j’ai aimé ce film, il m’a bizaremment émue, et les musiques de Françoise Hardy étaient particulièrement bien choisies.
View CommentTout à fait et ce manque d’explication fait peut-être aussi la force de ce film
View CommentJe ne l’ai pas vu et pour être honnête, je ne savais pas de quoi il s’agissait comme film avant de lire ton post, je crois que je passe mon tour pour le moment!
View CommentJ’avais vraiment peur qu’il ne me plaise pas mais au final, je ne regrette pas de l’avoir vu
View CommentSur la beauté de Marine, je ne suis pas d’accord, on peut être belle mais sans charme, avoir du charme sans être belle…. Elle me ferait craquer en un regard
J’aime le caractère d’ados que l’on perçoit dans son regard, son détachement d’elle même, comme si elle flottait, sans être vraiment là, elle brille tout en étant absente. Elle prend tout en étant ailleurs. Je trouve ça redoutable. Je trouve qu’elle rempli parfaitement le rôle, je suivrais ses prochains films.
Pour ce qui est de l’absence de réponse, face à un personnage principal qlq peux énigmatique, avec des comportements parfois étrange ( la relation au frère , ok) je n’aurais pas compris que le film donne une réponse.
Néanmoins la ton, l’actrice, la galérie de personnage, le choix d’une prostitution qui ne fait pas dans le pathos ou le mélo, pas de besoin financier pour nourrir ses 12 petits frères et soeur ! pas de mac brutaux ou autre… il y a quelques chose de désinvolte qui captive dans le personnage principal. le choix des musiques valent le détour.
View CommentMerci pour ta critique argumentée 🙂 Je ne développe pas plus, on en a déjà parlé.
View Commentune bonne idée pour un film le samedi.
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